Donjon du Château de Guarda

Dans le cadre de l'avancée de la Reconquista Chrétienne et de la création des différents royaumes chrétiens péninsulaires, a commencé un vaste processus de renaissance des vieilles villes et villages, que les luttes des premiers siècles de la Reconquista avaient rendus décadents, à moitié abandonnés et ruinés, au centre des territoires « sauvages » et, en parallèle, avance un grand mouvement de création de villes et de villages, ainsi que de leurs fortifications respectives. La création de la ville de Guarda et l'octroi de sa Charte par D. Sancho Ier, le 27 novembre 1199, ont exigé la construction d'un château roman primitif, duquel n’a survécu que la Vielle Tour, au nord de la ville, qui constituait son Donjon. Avec les réformes architecturales et militaires des siècles suivants, la Vieille Tour sera intégrée et incorporée aux murs construits dans le cadre du nouveau système défensif, dans la seconde moitié du XIIIe siècle. C'est à cette époque que fut construit le Donjon actuel, situé à 1056m d'altitude. Cette tour était intégrée dans une structure militaire et résidentielle appelée Alcáçova, qui constituait essentiellement un palais fortifié où résidaient l’alcade et sa famille et qui servait, en même temps, de caserne pour la garnison militaire respective, plus grande ou plus petite, selon les circonstances politiques-militaires, délais et ressources disponibles. Du haut du Donjon de la forteresse de Guarda, on peut voir d'autres fortifications, comme celles de Trancoso et Pinhel ; la Vila do Jarmelo est visible et la vue s'étend jusqu'aux terres frontalières, bien au-delà du Côa. La forteresse gothique de Guarda était le cœur du système défensif moderne de la ville. Cependant, ce système comprenait de vastes murailles qui, à partir de la forteresse située au sommet de la ville, circonscrivaient et abritaient les maisons, palais et églises de la ville médiévale, en s'adaptant aux courbes de niveau. Comme dans toutes les villes et villages fortifiés du Moyen Âge, les murailles étaient cycliquement déchirées par des portes monumentales, stratégiquement situées face au début des grandes voies de circulation qui mettaient la ville en contact direct avec l'extérieur : avec Covilhã et surtout avec Castille (Espagne), via Almeida, et avec Celorico et, de là, avec la légendaire Estrada da Beira, l'une des grandes routes du Portugal au Moyen Âge et à l'époque moderne, qui menait de Celorico à Coimbra et Lisbonne. Des murs médiévaux de Guarda, subsistent quelques portes, la Porta da Erva (Porte de l’herbe), la Porta d'El Rei (Porte du Roi) et la Porta dos Ferreiros (Porte des Forgerons), protégées par une imposante tour.